Aperçu
Combler les besoins des réfugiés en énergie et préserver l'environnement dont ils dépendent constituent des sujets transversaux essentiels pour le HCR. Les réponses d'urgence nuisent souvent aux ressources naturelles en raison, principalement, du manque de prévoyance pendant la planification de la préparation. La dégradation de l'environnement augmente gravement les risques d'inondations et de glissements de terrain auxquels les communautés touchées peuvent être confrontées à la suite de catastrophes. Les problèmes récurrents clés sont : la collecte du bois de chauffage, la déforestation (en raison de la construction d'abris provisoires et de la cuisine), l'érosion et les glissements de terrain, la pollution des rivières et ruisseaux, le surpâturage, la pollution de l'air et des sols, et la gestion non sécurisée des déchets.
Une fois que l'environnement a subi des dommages, sa réhabilitation et la réparation des conséquences négatives à long terme sont difficiles et coûtent cher, et des mesures de précaution sont donc nécessaires pour éviter ces dommages. L'environnement et l'énergie doivent être tous deux considérés comme des sujets de préoccupation sectoriels transversaux et doivent être traités au début d'une urgence et, de préférence, prévus auparavant, dans la planification de la préparation. La phase d'urgence constitue un moment critique où la question de la pauvreté énergétique peut être traitée de manière à promouvoir la sécurité et l'autonomie, et où la dégradation de l'environnement peut être évitée ou gérée.
Conseils principaux
Objectifs de protection
- Assurer un accès à l'énergie sûr, dans les délais nécessaires et fiable au cours des opérations d'urgence impliquant des réfugiés.
- Protéger les réfugiés des risques tels que les violences sexuelles et sexistes (SGBV) qui ont lieu souvent la nuit dans les zones sans éclairage (latrines, zones d'hygiène, aires de jeu, ateliers) ou quand les réfugiés partent à la recherche de bois de chauffage.
- Protéger les réfugiés des risques physiques tels que les glissements de terrain ou les inondations et de l'exposition aux déchets toxiques et aux toxines dans l'air, le sol ou l'eau.
- Réduire les tensions entre les réfugiés et les populations locales concernant les ressources naturelles rares.
- Encourager l'autonomie des réfugiés en réduisant la pauvreté énergétique et en promouvant une utilisation durable des ressources naturelles.
Principes et normes sous-jacents
- Les mesures de prévention sont le meilleur moyen de gérer les impacts environnementaux irréversibles. La prévention est également plus rentable que l'atténuation des dommages environnementaux.
- Impliquer, dès le départ, réfugiés et communautés d'accueil dans la conception et la mise en place des programmes énergétiques et environnementaux.
- Solliciter les conseils techniques des institutions locales, nationales et régionales, des organisations privées, et des institutions universitaires.
- Veiller à ce que des réserves de produits énergétiques de grande qualité soient accessibles pour éviter les périodes prolongées de pauvreté énergétique et une offre de service insuffisante.
- Préserver l'environnement, qui est une source de moyens de subsistance pour les communautés d'accueil et de réfugiés.
- L'Engagement 9 de la Norme humanitaire fondamentale sur la qualité et la redevabilité reconnaît que les impacts environnementaux sur toutes les activités sectorielles doivent être évalués et atténués. Les communautés et les personnes affectées par la crise sont en droit d'attendre des organisations qui les aident qu'elles gèrent les ressources de manière effective, efficace et éthique.
- Le standard 7 de Sphère sur l'abri et l'installation (durabilité environnementale) considère que l'aide en matière d'abri et d'installation doit minimiser tout impact négatif des programmes sur l'environnement naturel.
Risques en matière de protection
- Quand les lieux ne sont pas éclairés la nuit, les réfugiés sont exposés à des formes d'insécurité particulières, notamment les voies de fait et la SGBV.
- Parfois, les femmes, les hommes, les garçons et les filles parcourent de longues distances pour aller ramasser du bois de chauffage, s'exposant ainsi au risque de SGBV.
- S'ils manquent de combustible ou ne peuvent avoir accès à de l'énergie, les réfugiés peuvent recourir à des stratégies d'adaptation peu sûres ou nuisibles (Ils peuvent, par exemple, vendre une partie de leur ration alimentaire pour acheter du combustible pour la cuisine, augmentant ainsi les risques de malnutrition ; ou brûler du plastique ou d'autres déchets pour servir de combustible ou démarrer les feux, ce qui les expose à des produits chimiques toxiques).
- L'érosion causée par l'élimination de la végétation peut souvent créer de larges rigoles qui peuvent entraîner des glissements de terrain mortels et destructeurs.
- Les écoulements dans les ruisseaux et rivières peuvent être toxiques, mettant à risque les réfugiés et les communautés d'accueil qui utilisent cette eau pour la boisson, la cuisine ou l'agriculture. Les toxines qui s'accumulent dans la chaîne alimentaire peuvent être à la source de risques chroniques pour la santé.
- L'élimination non sécurisée des déchets expose les réfugiés et les communautés d'accueil à des produits chimiques toxiques dans les sols et dans l'air ainsi qu'à des vecteurs de maladies.
Autres risques
- Les réfugiés peuvent attraper des pneumonies, des maladies cardiovasculaires ou des cancers du poumon, ou mettre leur santé en danger d'une quelconque autre manière, en cuisinant dans des conditions inappropriées ou en recourant à des mauvais combustibles ou équipements.
- Les mauvaises pratiques de gestion des déchets entraînent également des risques pour la santé : si des lieux sûrs pour l'élimination des déchets ne sont pas prévus, les réfugiés peuvent adopter des solutions dangereuses, comme brûler leurs déchets.
- Ignorer les problèmes environnementaux en amont peut mettre en péril l'espace de l'asile.
- La recherche de bois de chauffage prend du temps, temps qui pourrait être mis à profit pour des activités éducatives ou de moyens de subsistance.
- En l'absence de lumière et d'électricité, les étudiants ne peuvent étudier la nuit et les activités de subsistance ne peuvent être entreprises que de jour.
- La pollution des sols et des cours d'eau naturels met en danger les moyens de subsistance et les opportunités de développement des réfugiés et des communautés d'accueil.
- L'utilisation non durable des ressources naturelles (bois, terre, eau) entraîne une chute de la biodiversité et des phénomènes de désertification.
- La dégradation et l'épuisement des ressources naturelles entraînent des conflits au sein de la population réfugiée et entre les réfugiés et les communautés d'accueil.
- Les émissions de gaz à effet de serre contribuent au réchauffement et au changement climatiques.
Points de décision clés
Au début d'une réponse d'urgence, demandez une évaluation environnementale rapide le plus tôt possible afin de permettre dans le cadre de la réponse une prise de décision éclairée. Entreprenez une étude de faisabilité énergétique pour cerner les besoins énergétiques, déterminer la stratégie énergétique la plus adéquate ainsi que les technologies présentes localement. Les kits de réponse d'urgence doivent comprendre un réchaud d'urgence, du combustible pour au moins 4 à 6 mois, et une lampe solaire.
Lorsque vous prévoyez l'abri et l'installation, y compris la distribution d'articles non-alimentaires (ANA), menez une étude de marché pour déterminer les matériels et capacités qui sont disponibles localement. L'étude doit évaluer le degré auquel peuvent être obtenues les provisions pendant la durée du projet et faire en sorte que l'opération proposée n'interfère pas avec l'économie locale. S'il est décidé de s'approvisionner en biens à l'international (bâches en plastique, tentes, ANA et autres produits non alimentaires), comparez la chaîne d'approvisionnement et ses implications environnementales avec des solutions qui sont disponibles localement ; choisissez la meilleure option.
Évaluez la zone et sa capacité biologique pour déterminer quelle dimension de parcelle est requise et combien de personnes elle peut permettre de nourrir. Basez votre calcul sur l'évaluation des besoins mais également sur des considérations environnementales.
Dans les abris ou autres installations qui ont été construites au moyen de matériaux non respectueux de l'environnement (bâches en plastique, autres matériaux à base de polymères), établissez un plan clair pour leur élimination sûre et saine d'un point de vue environnemental, ou donnez une nouvelle vie aux matériaux à la fin de leur durée de vie ou au moment du retrait du service.
Des mesures de protection de l'environnement doivent être adoptées. Marquez les arbres à ne pas tailler ou couper à l'intérieur et à l'extérieur du camp. Établissez une zone tampon de 5 mètres autour de toutes les eaux de surface (ruisseaux, rivières, lacs) dans laquelle la végétation doit être gardée intacte. Par l'éducation et le suivi, empêchez tout dépôt d'ordures et de déchets dans les eaux de surface. Si les eaux de surface sont utilisées pour l'approvisionnement en eau, surveillez-les pour prévenir la surutilisation et les impacts en aval. Limitez le défrichage pour éviter l'érosion dès que possible, priorisez les méthodes de défrichage manuelles par rapport aux mécaniques pour réduire la perturbation des sols et limiter l'érosion. Cartographiez les emplacements susceptibles de connaître des inondations de surface et assurez-vous que le drainage est suffisant. N'utilisez pas de feux ou d'incendies pour nettoyer les sites ou éliminer la végétation défrichée. Établissez des points de collecte des ordures qui séparent les déchets organiques des autres. Lorsque c'est possible, compostez les déchets organiques et rendez le compost accessible pour les activités liées aux moyens de subsistance. Ne brûlez jamais de plastique. Préparez et lancez une campagne de sensibilisation au respect de l'environnement au moyen de différentes formes de communication qui soient adéquates.
Etapes clés
1. Former un groupe de travail énergétique et environnemental ; associer les parties prenantes concernées.
2. Procéder à une évaluation environnementale rapide.
3. Préparer un plan d'intervention en association avec les homologues gouvernementaux, les partenaires et les services techniques choisis.
4. Au moyen d'une évaluation des besoins, consulter à la fois les communautés d'accueil et les réfugiés sur les habitudes et traditions qui peuvent alourdir le fardeau sur l'environnement. Considérez la cuisine, les abris, les matériaux de construction couramment usités, l'utilisation de l'espace, et les moyens de subsistance (particulièrement les activités pastorales et liées au bétail).
5. Identifier des produits et services abordables et facilement accessibles aux bénéficiaires, dans le but d'améliorer l'approvisionnement local, le développement du marché et les opportunités d'emploi.
6. Adopter les mesures nécessaires pour faire en sorte, autant que possible, que l'ensemble des besoins énergétiques domestiques et institutionnels soient comblés de manière durable. Réexaminer la situation après 4 à 6 mois. Lorsque c'est possible, le but consiste à répondre aux besoins énergétiques en recourant à des sources renouvelables.
7. Mettre immédiatement en place des actions pour prévenir la pollution des sols et des eaux de surface en adoptant des mesures de gestion des déchets et de contrôle de l'érosion appropriées.
8. Lors de la planification des abris et installations, mettre en place des mesures pour atténuer les risques d'érosion des sols, d'écoulement d'eaux de surface et de glissements de terrain. Ces objectifs peuvent être atteints en concevant des plans d'installation adaptés (routes, chemins, parcelles) ; en installant un système de drainage adapté ; en intégrant des zones tampon vertes à la conception de l'installation, ce qui contribuera également à la reconstitution des aquifères locaux ; et en définissant et en planifiant la capacité biologique du site. Définir la dimension optimale du site en termes de parcelles et du nombre de personnes relevant de la compétence du HCR qu'il soutient ; le site ne doit pas compromettre la qualité environnementale de l'aire à court ni long terme.
9. Collaborer avec les collègues du WASH et de la santé au sujet de la gestion des déchets médicaux.
10. Concevoir et mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation à l'utilisation de l'énergie et a l'environnement. Ces campagnes doivent cibler les communautés d'accueil et de réfugiés.
11. Tester et créer un système de surveillance préliminaire.
12. Assurer la formation des partenaires et des mobilisateurs de la communauté de manière à renforcer leur capacité à gérer l'énergie et l'environnement.
Considérations essentielles pour la gestion
Les hauts responsables doivent s'assurer que les préoccupations énergétiques et environnementales sont traitées, au début d'une urgence, au niveau de l'ensemble des secteurs. Un budget dédié doit être alloué à l'environnement et à l'énergie. Ce budget doit servir à promouvoir la protection et l'autonomie, à prévenir la dégradation, à mettre en place les mesures d'atténuation déterminées et à former le personnel et les partenaires.
Dans des circonstances particulières, et lorsque ceci est jugé prioritaire, un ou une spécialiste en énergie ou en environnement pourra se joindre aux équipes de secours. Cette personne doit coordonner une évaluation rapide de l'environnement. Les conceptions des camps et leur planification doivent tenir compte de ses conclusions. Au cas où aucun spécialiste n'a été assigné à l'équipe, cette dernière devra nommer un de ses membres référent(e) en ce qui a trait à l'énergie et a l'environnement.
Ressources et partenariats
- Les ministères gouvernementaux (énergie, environnement, ressources naturelles).
- Les acteurs du développement, les personnes relevant de la compétence du HCR ainsi que les communautés d'accueil.
- Les organisations privées nationales, régionales et mondiales dotées de l'expertise pertinente (énergie, environnement).
- Les institutions universitaires nationales, régionales et mondiales dotées des compétences spécialisées pertinentes.
- Les ONG locales dotées des compétences spécialisées pertinentes.
- Les partenaires d'appoint.
Annexes
Liens
Contacts principaux
Contactez l'Unité Énergie et Environnement, Division de la résilience et des solutions DRS, www.ecop.unhcr.org à www.ecop.unhcr.org.
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