Aperçu
« La connectivité n'est pas un luxe. C'est une bouée de sauvetage pour les réfugiés. »
(Filippo Grandi, sur : https://www.weforum.org/agenda/2017/01/connectivity-is-not-a-luxury-for-refugees-it-is-a-lifeline/)
De quoi s'agit-il et en quoi est-ce utile ?
Lors d'une crise, des personnes de tout âge, de tout genre et de toute situation démographique ont besoin de pouvoir communiquer avec leurs amis et leur famille. Pour les réfugiés, il s'agit de personnes dans leur pays d'origine et dans leur pays d'arrivée. Ils doivent en outre pouvoir obtenir des informations et avoir accès à des services numériques. Malgré cela, dans de nombreux cas d'urgence, les populations réfugiées sont logées dans des zones rurales ne disposant pas d'infrastructures, notamment des réseaux mobiles et de la connectivité.
Le HCR ayant un rôle de leader dans les urgences pour les réfugiés, il est en mesure d'aider à rétablir la connectivité, en s'associant à des opérateurs de réseaux mobiles et des organisations compétentes du secteur privé et basées dans les communautés. Après avoir évalué les besoins et la situation des réfugiés en matière de connectivité, il est parfois possible, grâce au partage d'informations et au plaidoyer, de mettre sur pied des réseaux mobiles là où il n'en existait pas auparavant ou d'établir des installations de connexion dans des lieux tels que les centres communautaires. Les réseaux numériques peuvent contribuer à apporter une réponse humanitaire plus efficiente et efficace, en facilitant les virements d'espèces, l'argent mobile, l'enseignement numérique et d'autres services.
Conseils principaux
Politiques principes ou normes sous-jacents
Le HCR s'est engagé à moderniser la fourniture de services humanitaires et à adopter des approches innovantes pour assurer son assistance. Les technologies proposent un moyen d'y parvenir. Comme le précisent clairement les piliers Responsabiliser et Innover de l'orientation stratégique du HCR :
Le HCR « suivra activement des voies innovantes pour amplifier les voix des personnes que nous servons et exploiter les nouvelles technologies pour renforcer notre dialogue en cours avec elles et leur connectivité avec la communauté internationale.
Notre but consistera à concevoir et à mettre au point des solutions échelonnées, en travaillant pour un monde où tous les réfugiés peuvent avoir accès à leur propre identité numérique et la gérer, bénéficier d'un enseignement accrédité en ligne, soutenir leurs familles et communiquer efficacement grâce à une connectivité améliorée. »
En 2016, le HCR a lancéConnecter les réfugiés, une initiative internationale conçue pour appuyer ce domaine de travail de façon plus systématique, en établissant la vision du HCR de la connectivité des populations touchées, en effectuant des recherches sur la question avec les partenariats de développement Accenture et en développant une stratégie pour atteindre les objectifs convenus. Selon le Haut-commissaire :
Le HCR vise, grâce à des partenariats créatifs et des investissements avisés, à s'assurer que tous les réfugiés, ainsi que les communautés qui les accueillent, aient accès à une connectivité Internet et mobile disponible, abordable et exploitable afin de tirer parti de ces technologies pour la protection, les communications, l'enseignement, la santé, l'autonomie, la responsabilisation des communautés et des solutions durables.
Les opérations sur le terrain peuvent recevoir l'assistance de l'initiative Connectivité pour les réfugiés qui s'appuie sur le Service Innovation du HCR. Le secrétariat peut :
- fournir des conseils techniques et une assistance pour planifier la stratégie, les contingences et les opérations ;
- faciliter l'engagement auprès des réseaux techniques spécialisés ;
- proposer une formation et un renforcement des capacités au personnel du HCR et des partenaires ;
- assurer une assistance à la coordination et au plaidoyer ;
- aider à identifier et recruter des experts techniques compétents.
À l'avenir,le portail Connectivité pour les réfugiés du HCR prévoit de partager ses supports de renforcement des capacités, les leçons tirées lors des projets pilotes et d'autres informations et services.
Note. Les investissements dans la connectivité mobile et les écosystèmes numériques associés profitent également aux communautés d'accueil. L'extension de la couverture des réseaux mobiles profite à tout un chacun. Les communautés d'accueil et les réfugiés pourront en tirer avantage.
Note. Face à une situation de déplacés, le groupe sectoriel des télécommunications d'urgence (ETC) dirige la distribution des solutions de connectivité pour les communautés, via le pilier des Services aux communautés (S4C) de l'approche stratégique. En fonction de leurs capacités, les membres et partenaires de l'ETC peuvent gérer diverses activités, coordonnées via le HCR ou le groupe sectoriel. De possibles activités sont soulignées dans leCatalogue des services S4C.
Recommandations de bonnes pratiques
Connecter les réfugiés : comprendre le contexte juridique et réglementaire
Avant de lancer une quelconque initiative de connectivité pour les réfugiés, il faut comprendre le contexte réglementaire. Découvrez quel est le niveau de libéralisation du secteur, si un financement spécifique est disponible pour promouvoir l'accès rural, le nombre d'opérateurs de réseau mobile présents, ainsi que la couverture et la qualité de l'infrastructure mobile. Vous trouverez des informations sur les régulateurs des télécommunications sur le portail ITU et des informations sur l'approche nationale sur le site Internet de l'agence nationale. Vous trouverez également des informations par le biais du portail GSMA, notamment grâce à son Index de la connectivité mobile.
Déterminez si les réfugiés sont légalement autorisés à avoir accès à des cartes SIM. Cela peut dépendre de plusieurs facteurs. Découvrez si les réfugiés qui possèdent une inscription au HCR ou des documents délivrés par le HCR satisfont les critères d'identification pour une inscription à une carte SIM.
Comprendre les besoins en communication de la communauté.
Pour découvrir la façon dont les personnes communiquent et la prévalence des dispositifs connectés, commencez par mener une évaluation des besoins en informations et en communication. Les secours d'urgence doivent consulter les communautés pour déterminer les canaux de communication qu'elles utilisent actuellement, les sources auxquelles elles font confiance, la façon dont elles aimeraient s'adresser aux agences humanitaires et les rôles que jouent les canaux de communication mobiles et numériques. La connectivité constitue un aspect d'un écosystème de communication plus vaste. Les communautés utiliseront également de nombreuses approches « hors connexion » pour communiquer. L'évaluation peut être menée par le HCR ou engagée conjointement avec d'autres acteurs humanitaires et non humanitaires. Les évaluations participatives du HCR peuvent inclure des sections spécifiques sur les informations et la communication. Pour plus d'informations, consultez le chapitre sur la Communication avec les communautés.
Cartographier la connectivité.
Vous pouvez télécharger plusieurs outils permettant d'évaluer la disponibilité et la solidité des connexions mobiles. Il s'agit notamment de OpenSignal, NetMonitor Lite et CellMap. À une étape précoce (éventuellement pendant les évaluations initiales du site et la planification du site), des essais peuvent mesurer la connectivité au niveau des principaux emplacements des infrastructures et partout sur le site. Certains outils permettront de créer une carte globale de la connectivité. Partagez les résultats avec l'équipe multifonctionnelle et convenez des endroits où la connectivité pourrait apporter des avantages, conjointement à la réponse.
Des évaluations de connectivité plus approfondies exigent un équipement sophistiqué et des ingénieurs spécialisés.
Améliorer la couverture mobile.
Après avoir identifié les lacunes en termes de connectivité, engagez des étapes pour améliorer l'infrastructure dans les zones d'accueil de réfugiés. Commencez par contacter les opérateurs de réseaux mobiles. Découvrez leurs plans d'infrastructures et si ceux-ci tiennent compte des déplacements de réfugiés. Lorsqu'un afflux majeur de réfugiés s'est produit, il peut être utile que le représentant ou le coordonnateur sénior des urgences écrive à un responsable supérieur de l'opérateur du réseau mobile. Pour les arrivées plus réduites, il peut suffire que le responsable du bureau de terrain écrive à la direction régionale ou aux équipes techniques.
Les opérateurs de réseaux mobiles peuvent vouloir mettre sur pied une infrastructure de station radio mobile (COW) pour tester la viabilité de l'opportunité commerciale que représentent des arrivées plus importantes. Si l'accès rural est médiocre, il peut être possible de faire appel au régulateur des télécommunications pour demander des ressources visant à améliorer l'accès. D'autres acteurs du développement, qui investissent dans l'infrastructure de connectivité, peuvent aussi être prêts à rediriger ou axer leur activité pour répondre aux besoins des populations réfugiées.
Investissement ciblé dans l'infrastructure.
En plus d'encourager des solutions commerciales, vous serez peut-être en mesure d'obtenir un financement d'urgence pour investir dans une infrastructure de connectivité temporaire. Une possibilité consiste à établir des centres communautaires connectés, connus au HCR sous l'acronyme CTA. Le concept est simple mais ces centres doivent être gérés et entretenus. Pour atteindre les objectifs d'enseignement et d'information que vous fixez pour chaque centre, vous devrez développer des programmes et des budgets spécifiques.
Leur pérennité est également importante. Lorsque le financement de l'urgence prend fin, il peut devenir difficile d'en supporter le coût. Pour atténuer ce risque, une solution consiste à former les réfugiés et les membres de la communauté d'accueil afin qu'ils reprennent la maintenance, la gestion et la gouvernance des installations. Cela peut vous obliger à investir dans la formation au cours de la phase d'urgence.
Coordonner les initiatives de connectivité.
Chaque année, de nouvelles organisations et de nouveaux consortiums investissent dans la technologie humanitaire et la connectivité. Cette croissance et cet investissement profiteront aux réfugiés mais un plus grand nombre d'acteurs implique davantage de coordination. Le HCR souhaite s'assurer que toutes les organisations impliquées dans une réponse investissent avec sagesse, en répondant aux besoins identifiés dans les évaluations de la communauté, en évitant de répliquer les activités et en parvenant à un développement durable à plus long terme.
Considérations pour une mise en œuvre pratique
Déterminer les responsabilités au sein de l'équipe multifonctionnelle.
Le HCR n'a pas établi de profil de poste standard pour le travail sur la connectivité des réfugiés. Certaines opérations ont désigné des coordonnateurs de la connectivité des communautés. Toutefois, ce travail a peu de chances de s'intégrer facilement dans un quelconque portefeuille. En fonction du contexte et des capacités de l'opération, les responsables des TIC peuvent être l'interlocuteur naturel pour les contacts avec des opérateurs de réseaux mobiles car ils ont signé des contrats professionnels avec eux. Dans la mesure où le sujet a trait à la communication avec les communautés et à la protection basée sur les communautés, le personnel chargé de la protection peut assumer la responsabilité du travail sur la connectivité. Dans d'autres cas, le lien le plus proche peut être avec les travaux réalisés sur les moyens de subsistance ou l'inclusion financière numérique.
En résumé, les responsables séniors de la réponse devront déterminer le personnel qui traite les différents aspects de la connectivité et si les responsabilités reposent aux mains d'une seule personne ou si elles sont réparties entre plusieurs membres du personnel, en fonction de leurs compétences techniques.
Connectivité inclusive.
Découvrez la façon dont la population touchée utilise la connectivité disponible. Ce faisant, identifiez les obstacles qui pourraient empêcher les groupes vulnérables d'en profiter. Les recherches ont révélé que les femmes sont bien plus susceptibles que les hommes de rencontrer des obstacles au moment de se connecter. Il peut donc être conseillé de préparer certaines activités pour les femmes et pour des groupes spécifiques de femmes, par exemple les mères célibataires. Prenez garde que vos interventions n'amplifient pas ou n'exacerbent pas les déséquilibres des pouvoirs mais qu'elles les atténuent à chaque fois que possible.
Établir une distinction entre les contrats d'entreprise et la connexion des réfugiés.
Les opérateurs de réseaux mobiles envoient souvent des gestionnaires de comptes d'entreprise ou des commerciaux pour entamer des discussions avec les organisations internationales car ils entrevoient l'opportunité de conclure un contrat. Ils risquent de ne pas tenir compte du besoin plus stratégique de soutenir les populations touchées par la crise. Selon l'ampleur de la crise, cette discussion exigera la présence de dirigeants séniors et l'implication des représentants du HCR ou des coordonnateurs séniors de l'urgence. Il faut noter qu'il existe parfois un transfert : un contrat professionnel peut permettre à des responsables de compte de faire un plaidoyer au sein de l'entreprise afin qu'elle investisse davantage pour aider les populations touchées.
Éviter les grosses factures à plus long terme.
Certains affirment que la technologie est coûteuse et ils ont souvent raison. Les initiatives qui paraissent au départ exceptionnelles peuvent, après un examen plus poussé, se révéler chères et difficiles à supporter pour une réponse d'urgence. Nous avons notamment appris, par l'expérience, que certaines interventions ne peuvent être financées que pendant la phase d'urgence. Lorsqu'elle est terminée, de telles interventions deviennent très gourmandes en ressources, voire peu pertinentes. Cela est encore plus probable lorsque la connectivité est fournie à grands frais par VSAT. Ces risques peuvent être atténués par la négociation d'accords de transition avec des ONG et d'autres acteurs du développement ou en incluant les questions d'infrastructure dans les discussions avec les opérateurs de réseaux mobiles.
Stimuler l'investissement grâce à des services comme l'argent mobile.
Les modèles d'activité de nombreux opérateurs de réseaux mobiles impliquent davantage que des services mobiles de base. Leurs portefeuilles comportent toute une gamme de domaines commerciaux et l'argent mobile représente souvent une source de revenus essentielle. Lorsque le HCR prévoit d'utiliser de l'argent mobile pour des interventions en espèces, il peut encourager les opérateurs de réseaux mobiles à prolonger et améliorer leur infrastructure. De nombreux acteurs du développement soutiennent aussi désormais des initiatives d'inclusion financière numérique et pourraient être prêts à investir dans l'infrastructure de connectivité.
Ressources et partenariats
Personnel et partenaires.
Bien que le HCR n'ait pas défini de profil de poste pour ce domaine, les opérations doivent inclure la connectivité dans les responsabilités de leurs équipes multifonctionnelles. Différents éléments de travail peuvent être remis au personnel. Le personnel des TIC peut contacter les opérateurs de réseaux mobiles. Le personnel expérimenté en communication avec les communautés (un profil de poste que le HCR a récemment défini plus clairement) peut travailler avec les communautés sur la connectivité, etc.
Opérateurs de réseaux mobiles.
Les opérateurs de réseaux mobiles sont souvent les points d'entrée les plus évidents pour la connectivité. Dans les sociétés où le HCR est appelé à apporter une réponse humanitaire, ils sont bien plus présents que les fournisseurs de connexions terrestres. De nombreux opérateurs de réseaux mobiles sont signataires de la Charte de connectivité humanitaire, développée par le GSMA (qui représente les fournisseurs mobiles dans le monde) et ont publiquement déclaré qu'ils soutiendraient les organisations humanitaires en période de crise. Il a été établi que le soutien de la connectivité en période de crise a aidé les opérateurs de réseaux mobiles à développer des relations avec leurs clients et à augmenter la fidélité de ces derniers.
Régulateur des télécommunications.
Le régulateur des télécommunications fixe les règles relatives à la connectivité. Les règles sur l'accès pour les réfugiés, les migrants et les étrangers peuvent être différentes des règles pour les citoyens d'un pays. Un dialogue avec les régulateurs les aide à comprendre la situation des réfugiés et la façon de faciliter leur accès à la connectivité. Au Nigeria par exemple, les opérateurs de réseaux mobiles effectuent leurs propres inscriptions biométriques alors qu'en Ouganda, cela est effectué par l'Autorité nationale d'identification et d'inscription, qui établit une liaison plus large avec le HCR concernant l'inscription des réfugiés.
Des partenariats internationaux.
Le service Innovation du HCR à Genève proposera des directives et une assistance aux opérations qui veulent augmenter la connectivité des réfugiés ou établir des liens avec les efforts internationaux pour aider les réfugiés dans ce domaine.
Communautés.
Le HCR met en avant une programmation basée sur les communautés. Bien que la connectivité présente à l'évidence une dimension technique, les approches basées sur la communauté restent très importantes. De nombreux membres des communautés possèdent des compétences techniques en communication. Plutôt que de sous-traiter les compétences, il peut être logique de former les réfugiés, de leur permettre de s'approprier les infrastructures et installations de réseaux locaux et globalement d'améliorer les connaissances numériques.
Annexes
Apprentissage et pratiques de terrain



Liens
Contacts principaux
Pour soutenir la connexion des réfugiés, contactez l'équipe internationale de Connectivité pour les réfugiés au service Innovation. À l'adresse : [email protected]
Le service Innovation est joignable par e-mail à l'adresse : [email protected].
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