Aperçu
Idéalement menée à la suite de l’évaluation multisectorielle des besoins des réfugiés dans les situations d’urgence, l’évaluation des besoins en matière de sécurité alimentaire dans les situations d’urgence (par exemple, une mission d’évaluation conjointe rapide) vise à dresser rapidement un état des lieux de la situation de la sécurité alimentaire au cours des premières semaines suivant le début du déplacement de population. Cette évaluation détermine le nombre de personnes relevant de la compétence du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et leurs besoins alimentaires et nutritionnels immédiats, et guide la conception de l’assistance alimentaire et des interventions relatives à la sécurité alimentaire au cours des 6 à 12 premières semaines suivant le début de la situation d’urgence. Précédant l’évaluation rapide de la sécurité alimentaire, une évaluation initiale rapide des besoins sera réalisée dans les premiers jours suivant le début du déplacement, afin d’évaluer les besoins alimentaires immédiats de la population. Une évaluation plus détaillée (par exemple, une mission d’évaluation conjointe) sera menée dans les 6 à 12 mois, en fonction de la qualité de l’évaluation rapide des besoins en matière de sécurité alimentaire. Cette évaluation, dirigée par un spécialiste de la sécurité alimentaire, est réalisée en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM).
Les évaluations déterminent la forme d’assistance alimentaire qui sera proposée (espèces, coupons, denrées alimentaires ou une association de ces éléments), la modalité de distribution, la composition du panier alimentaire, la portion ou la valeur des rations, la durée de l’assistance et les intrants non alimentaires associés. Elles permettent aussi de relever différents niveaux de capacités socioéconomiques des groupes de populations, et ainsi documenter le ciblage et guider l’élaboration d’autres programmes à l’appui de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance au plus tôt. Les évaluations de la sécurité alimentaire peuvent être associées aux évaluations nutritionnelles rapides et aux enquêtes nutritionnelles (Enquête nutritionnelle normalisée élargie) ou aux évaluations des moyens de subsistance.
Dans la présente section, les évaluations des besoins sont supposées inclure une analyse de l’intervention.
Pertinence pour les opérations d'urgence
Les évaluations des besoins en matière de sécurité alimentaire dans les situations d’urgence jouent un rôle majeur pour offrir rapidement un panorama de la situation de la sécurité alimentaire au cours des premières semaines du déplacement de population. Ces évaluations permettent aux opérations humanitaires de prendre la pleine mesure du nombre de personnes dans le besoin et d’évaluer leurs besoins alimentaires et nutritionnels urgents, ce qui facilite les efforts d’intervention rapide. Ces données guident la conception de programmes d’assistance et de sécurité alimentaires efficaces au cours de la période critique des 6 à 12 premières semaines d’une situation d’urgence. En outre, les évaluations fournissent des informations vitales pour les processus décisionnels, guidant la définition des formes d’assistance alimentaire, des méthodes de distribution, de la composition des paniers alimentaires, des portions des rations et de la durée de l’assistance qui conviennent. Elles rendent également compte des capacités socioéconomiques de différents groupes de population, facilitant ainsi des interventions ciblées et l’élaboration précoce de programmes d’appui aux moyens de subsistance. Le fait d’associer les évaluations de la sécurité alimentaire aux évaluations nutritionnelles rapides et aux enquêtes sur les moyens de subsistance favorise une pleine compréhension de la situation humanitaire dans son ensemble.
Conseils principaux
Sécurité alimentaire et nutrition : cadre conceptuel
La sécurité alimentaire repose sur trois piliers autour desquels une évaluation de la sécurité alimentaire doit être conçue : l’accès aux denrées alimentaires, la disponibilité des denrées alimentaires, et l’utilisation des denrées alimentaires. Il est essentiel de comprendre la façon dont les droits des populations déplacées évoluent par rapport à ces piliers, car tout déséquilibre peut mener à l’insécurité alimentaire.
Les évaluations de la sécurité alimentaire cherchent également à comprendre les causes de la dénutrition. L’insécurité alimentaire des ménages n’est que l’une des causes sous-jacentes de la malnutrition, outre des soins inadéquats, des pratiques alimentaires inadéquates, une eau insalubre, une hygiène et un assainissement médiocres, et un accès limité aux soins de santé. Le cadre conceptuel de la dénutrition figure ci-après.
Objectifs et échéancier des évaluations de la sécurité alimentaire
1. Une évaluation initiale rapide est réalisée quelques jours après le début d’un déplacement. Axée sur l’action, elle a pour principal objectif de définir les besoins initiaux et immédiats en matière d’assistance alimentaire, une intervention et la disponibilité des ressources locales et externes.
2. Une évaluation rapide de la sécurité alimentaire est effectuée dès les premières semaines d’une situation d’urgence (par exemple, une mission d’évaluation conjointe rapide). Elle doit être coordonnée et supervisée par un professionnel de la sécurité alimentaire expérimenté, et doit recueillir des données primaires et secondaires relatives à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Ses principaux objectifs sont les suivants :
- Définir l’assistance alimentaire immédiate et à court terme, les besoins en matière de sécurité alimentaire, de nutrition et d’assistance non alimentaire (des réfugiés et possiblement de la population locale) ainsi que la durée requise de l’assistance ;
- Évaluer la nécessité d’une évaluation approfondie.
3. Une évaluation approfondie sera réalisée au cours des 6 à 12 premiers mois d’une situation d’urgence, en fonction de la qualité de l’évaluation rapide susmentionnée et de l’évolution de la situation. Ses objectifs génériques sont les suivants :
- Documenter la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des réfugiés ;
- Examiner la qualité et la pertinence des interventions en cours ;
- Identifier de nouvelles interventions en matière de sécurité alimentaire et la stratégie à long terme de ces interventions.
Les questions clés habituellement posées dans le cadre des missions d’évaluation conjointes rapides et standard figurent à l’annexe 1 du document Joint Assessment Missions: Rapid JAM (Missions d’évaluation conjointes : mission d’évaluation conjointe rapide) et au chapitre 4.8 du document Joint Assessment Missions - a Practical Guide to Planning and Implementation (Missions d’évaluation conjointes – Un guide pratique de la planification et de la mise en œuvre).
L’examen du périmètre brachial peut être intégré aux évaluations de la sécurité alimentaire ou peut être réalisé au cours des distributions, lorsque la population est réunie en un seul lieu. Cet examen donne une indication rapide de la situation nutritionnelle et permet de prodiguer des soins appropriés aux personnes souffrant de malnutrition. Les évaluations de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance (autosuffisance) peuvent aussi être associées, réduisant ainsi le taux de lassitude de la population vis-à-vis des évaluations et des enquêtes.
Méthodologie et processus
Phases et activités de l’évaluation
Phase |
Activités principales |
|
1 |
Planification et préparation |
Élaborer les termes de référence de l’évaluation (dont le calendrier, les ressources et le budget). Identifier les coordonnateurs ; élaborer un calendrier détaillé ; identifier l’équipe ; solliciter une assistance technique supplémentaire si nécessaire. |
2 |
Choix et organisation des informations |
Choisir les informations que l’évaluation recueillera (en fonction des termes de référence). Organiser les informations en fonction des objectifs de l’évaluation (utiliser une matrice d’information ; consulter l’exemple inclus dans les directives pour les missions d’évaluation conjointes). Déterminer les méthodes et les outils de collecte de données adéquats. |
3 |
Collecte de données |
Données secondaires. Déterminer les informations secondaires disponibles. Vérifier les données et identifier les lacunes en matière d’informations. (Une collecte de données primaires pourrait fournir les informations manquantes.) Mettre à jour la matrice des informations.
Données primaires. Visites de terrain. Après avoir suivi des séances de formation et de préparation, l’équipe d’évaluation effectue des visites de terrain pour obtenir des informations directement auprès des réfugiés et de la communauté locale. Elle triangule les données secondaires et comble les lacunes en matière d’informations. Des évaluations approfondies peuvent être réalisées dans le cadre d’une évaluation de la sécurité alimentaire. (Si elles sont disponibles au début des évaluations, il s’agit de données secondaires.) |
4 |
Analyse et recommandations |
Des comptes rendus journaliers sont effectués au cours des visites de terrain. À l’issue de ces visites, toutes les informations recueillies à partir de l’examen des données secondaires, des évaluations approfondies (si possible) et des visites de terrain sont analysées et triangulées font l’objet de discussions. L’équipe formule des conclusions et des recommandations clés. |
5 |
Rapport et diffusion |
Un rapport concis présente les méthodes, les limites, les conclusions et les recommandations clés de l’évaluation de la sécurité alimentaire. |
6 |
Plan d’action |
En s’appuyant sur les informations et les recommandations contenues dans le rapport, l’équipe rédige un plan d’action clair et concis. Elle dresse un calendrier des mesures à prendre et nomme les personnes chargées de les mener à bien. |
Les conclusions doivent être présentées conformément aux modèles de rapport et de plan d’action inclus dans les documents Joint Assessment Missions: Rapid JAM (Missions d’évaluation conjointes : mission d’évaluation conjointe rapide) et aux chapitres 4.11 et 4.12 du document Joint Assessment Missions - a Practical Guide to Planning and Implementation (Missions conjointes d’évaluation – Un guide pratique de la planification et de la mise en œuvre).
Les tableaux ci-après décrivent les méthodes et les outils participatifs qui sont généralement utilisés pour collecter des données primaires au cours des visites de terrain.
Méthode |
Description |
Visites auprès des ménages |
Les chefs de ménages (ou tout autre représentant compétent, tel que les personnes qui s’occupent d’enfants, y compris les femmes célibataires ou les enfants) sont invités à répondre à quelques questions prédéfinies sur des sujets spécifiques déterminés dans les termes de référence. Les équipes observent les conditions de vie de ces ménages. |
Marches d’observation |
Des membres de l’équipe parcourent la zone à pied afin d’observer la situation et les conditions locales. |
Entretiens avec des informateurs clés |
L’équipe mène des entretiens semi-structurés sur des sujets convenus avec des personnes compétentes qui connaissent bien les lieux, les communautés, les besoins, etc. |
Groupe de discussion |
L’équipe organise des discussions ouvertes sur des questions ou des thèmes choisis avec un groupe de personnes homogène (se composant habituellement de six à huit individus) qui connaît bien les sujets choisis et qui peut apporter des points de vue divers. La discussion peut être structurée. |
Groupe de discussion communautaire |
L’équipe organise des discussions avec un groupe diversifié de personnes de la communauté représentant des groupes, des situations familiales et des caractéristiques divers. Le but est de recueillir différents points de vue. |
Outil |
Description |
Cartographie |
Concevoir un plan avec un groupe de personnes de la communauté afin de déterminer les problèmes et les besoins spécifiques. |
Échéancier et calendrier saisonnier |
Concevoir un échéancier et un calendrier saisonnier avec un groupe de personnes de la communauté afin d’identifier des événements particuliers, le caractère saisonnier de la nourriture ou d’autres problèmes liés à la nutrition. |
Diagrammes (semblable à celui de Venn) |
Concevoir un diagramme qui illustre des liens particuliers dans la zone, par exemple, la façon dont le camp est relié aux marchés voisins et la manière dont ces marchés sont liés à l’économie locale. |
Analyse proportionnelle |
Les personnes utilisent de petits objets (haricots, pierres) pour former des piles qui représentent les problèmes. Plus les piles sont grandes plus les problèmes le sont également. Cet exercice facilite le classement ou la hiérarchisation des informations. |
Classement par paires |
Les personnes classent des paires d’objets, de situations ou d’options. Cet exercice fournit des informations sur ce qui est particulièrement important aux yeux des participants. |
Les informations doivent être recueillies auprès de sources aussi diversifiées que possible en matière de genre, de diversité et d’âge, et doivent être triangulées.
Considérations pour une mise en œuvre pratique
- Nommer un coordonnateur de la sécurité alimentaire. Cette personne travaillera en étroite collaboration avec les responsables de la nutrition et des moyens de subsistance.
- En s’appuyant sur l’évaluation initiale rapide, procéder aux premières livraisons et distributions de l’assistance, et soumettre des demandes préliminaires aux donateurs. L’évaluation initiale doit avant tout privilégier l’action.
- Chercher à comprendre comment une population déplacée répondait à ses besoins alimentaires avant son déplacement et la façon dont sa nouvelle situation se distingue de l’ancienne. Dans les premières phases d’un nouveau déplacement, il est préférable de présumer que tous les besoins en matière d’assistance alimentaire devront être satisfaits. Une fois la situation stabilisée, une évaluation rapide plus détaillée peut être réalisée, permettant ainsi de réviser la forme d’assistance alimentaire qui sera proposée, sa durée ainsi que la quantité et le type d’aliments nécessaires.
- Tenir compte de la saisonnalité dans l’évaluation. La sécurité alimentaire n’est pas statique et l’accès aux denrées alimentaires, leur disponibilité et leur utilisation sont susceptibles de fluctuer au cours de l’année. La connaissance du cycle alimentaire annuel permettra de comprendre le moment où la situation de la sécurité alimentaire est susceptible de s’améliorer ou de se dégrader.
- Inclure le marché dans l’évaluation rapide. Cela permettra de préciser les formes d’assistance alimentaire, ainsi que leur contenu, qui peuvent vraisemblablement être réalisables et appropriés.
- Être efficace et réaliste. Ne pas recueillir des informations non pertinentes pour les décisions relatives à l’évaluation. Prêter davantage attention à la qualité des informations qu’à leur quantité. Comparer les informations primaires et secondaires, et échanger avec des personnes diverses (en matière de genre, d’âge, de revenu, etc.), et comparer leurs opinions.
- Si les visites de terrain ne permettent pas de combler les lacunes en matière d’informations identifiées, l’équipe d’évaluation rapide doit recommander des évaluations approfondies spécifiques. Si la situation ne cesse de changer, les équipes peuvent recommander de mener régulièrement des évaluations jusqu’à ce que la situation se stabilise.
- La participation est essentielle. Impliquer les autorités locales, des membres de la population affectée, des organisations non gouvernementales et d’autres organismes des Nations Unies aux différentes étapes de l’évaluation.
- Au moment de formuler des recommandations relatives à la sécurité alimentaire, l’équipe d’évaluation doit tenir compte des points suivants :
- Qui est dans le besoin, quel est le besoin et pendant combien de temps durera-t-il ?
- De quoi les populations déplacées ont ou auront besoin à l’avenir ?
- Quelles sont les priorités de la population ?
- Capacités et partenariats : quels partenaires souhaitent travailler avec le HCR (et le PAM) ?
- Quels sont les liens pratiques qui existent entre les interventions en matière de sécurité alimentaire, la nutrition et l’autosuffisance ?
Ressources et partenariats
Les évaluations rapides des missions d’évaluation conjointes, qui sont multisectorielles, doivent impliquer plusieurs organismes et partenaires. Le HCR et le PAM dirigent toujours conjointement ce processus lors des situations d’urgence impliquant des réfugiés.
Personnel
- Un administrateur principal chargé des programmes du HCR expérimenté ou, s’il est disponible, un administrateur de la sécurité alimentaire, dirigera l’évaluation de la sécurité alimentaire pour le compte du HCR.
- Un administrateur principal chargé des programmes du PAM ou de l’analyse et de la cartographie de la vulnérabilité dirigera la mission d’évaluation conjointe rapide pour le compte du PAM.
Partenaires
- Travailler en étroite collaboration avec le PAM et le gouvernement.
- Les partenaires tenus de mettre en œuvre l’évaluation comprennent les ministères concernés, des organisations non gouvernementales et des organisations communautaires.
- Faire participer des universités aux évaluations.
Politiques et lignes directrices
Liens
Contacts principaux
Section de la santé publique du HCR, Division de l’appui et de la gestion des programmes, à l’adresse suivante : [email protected]
Dans cette section:
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