Afficher le menu

Nutrition – Evaluation des besoins

Dernière mise à jour:
Points clés
  • Faire une évaluation initiale rapide de la nutrition aussi tôt que possible. Elle devrait être coordonnée et supervisée par un nutritionniste d'expérience, si possible.
  • Faire en sorte que lien entre l'évaluation rapide de la santé et celle de la nutrition. Idéalement, les conclusions de ces évaluations sont présentées dans le même rapport décrivant la situation nutritionnelle et sanitaire de la population de réfugiés nouvellement arrivée.
  • Cette évaluation doit comprendre des données secondaires sur la situation nutritionnelle, mesurer la malnutrition aiguë et évaluer les pratiques d'alimentation des nourrissons.
  • Le PB et l'œdème sont les indicateurs de choix pour mesure la malnutrition aiguë dans les premières phases d'une crise.
  • Procéder au dépistage de l'allaitement chez les nourrissons de moins de 6 mois. Ce dépistage est important, car il permettra de cerner des besoins additionnels.
  • Lorsque des cas de sous-nutrition deviennent inquiétants, poursuivre le dépistage des personnes nouvellement arrives et organiser régulièrement des dépistages de masse dans les camps et la communauté.
  • Les secteurs de la santé, de la nutrition et le secteur WASH sont liés. Vérifier que ces secteurs travaillent en étroite collaboration à tous les niveaux/sur tous les plans.
  • Les évaluations initiales doivent être multisectorielles et les équipes charges des évaluations doivent comprendre des experts en santé publique, nutrition, WASH, abri ou planification de site.

Aperçu

Dans les urgences, la sécurité alimentaire et nutritionnelle est souvent gravement menacée. La prise de mesures urgentes est donc nécessaire afin de s'assurer que tous les membres de la communauté peuvent avoir accès à une nourriture décente. Ceux qui sont sous-alimentés nécessitent ainsi une réhabilitation nutritionnelle. L'ampleur de la malnutrition a des répercussions considérables sur une intervention d'urgence. En effet, elle influe sur les décisions sur le contenu et le mécanisme de transfert de l'assistance alimentaire (en nature et en virements monétaires), mais aussi sur les conditions des programmes.

Idéalement, après l'évaluation multisectorielle des besoins en cas d'urgence de réfugiés (NARE), il faut entreprendre au plus tôt une évaluation initiale rapide et plus détaillée de la situation nutritionnelle des réfugiés. L'évaluation nutritionnelle fait normalement partie de l'évaluation des besoins en santé. Elle devrait comprendre la cueillette des données secondaires sur la nutrition ou qui y sont liées, évaluer les cas de malnutrition aiguë, dépister les principales pratiques d'alimentation des nourrissons. Les évaluations doivent être effectuées par des experts sectoriels possédant l'expérience et les compétences appropriées.

Une enquête plus détaillée sur la nutrition doit être menée aussi tôt que possible et pas plus tard que trois à six mois après le début de l'urgence. Cette évaluation doit étudier la situation nutritionnelle de l'ensemble de la population et doit suivre les lignes directrices des enquêtes nutritionnelles normalisées et élargies (SENS) du HCR.

Conseils principaux

Politiques principes ou normes sous-jacents

Sphère, standard 1.2 sur les évaluations de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle : évaluation de la situation nutritionnelle. Les évaluations de la situation nutritionnelle recourent à des méthodes reconnues pour comprendre le type, le degré et l'étendue de la sous-alimentation, recenser les personnes les plus menacées, et déterminer l'intervention la plus appropriée.

« Lorsque la population touchée par une catastrophe est exposée à un risque accru de sous-alimentation, les évaluations appliquent des méthodes reconnues sur le plan international qui permettent de comprendre le type, le degré et l'étendue de la sous-alimentation, de recenser les personnes les plus touchées ou les plus menacées, et de déterminer l'intervention la plus appropriée. »

HCR, Stratégie globale sur la santé publique pour la période 2014-2018 : Objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition : nécessite la mise en place d'une intervention d'urgence destinée à offrir de l'information et une analyse sur la sécurité alimentaire et la nutrition, qui permettront à la programmation d'être adéquate et de répondre aux besoins.

Recommandations de bonnes pratiques

Une évaluation initiale et rapide en matière de nutrition doit être effectuée au début d'une situation d'urgence afin d'établir la situation nutritionnelle des réfugiés et confirmer l'existence d'une crise alimentaire ou une menace à cette dernière. Elle doit estimer le nombre des personnes touchées, quantifier les besoins immédiats et la disponibilité des ressources locales, ainsi que les besoins en ressources externes. Cette évaluation initiale rapide servira ensuite d'indicateur pour une nouvelle évaluation mais plus approfondie, et qui déterminera les besoins et les approches à moyen et long terme.

L'évaluation rapide initiale doit être coordonnée et supervisée par un ou une nutritionniste ou un agent en santé publique. Elle doit comprendre des données secondaires sur la nutrition ou liées à celle-ci, mesurer la malnutrition aiguë et dépister les principales pratiques alimentaires des jeunes enfants.

Objectifs d'une évaluation nutritionnelle initiale et rapide
  • Fournir des informations sur la situation nutritionnelle dans le pays d'origine et dans le pays d'asile (données secondaires).
  • Mesurer la prévalence de la malnutrition aiguë chez les enfants âgés entre six et 59 mois, selon le périmètre brachial (PB ou « MUAC » en anglais) et l'œdème bilatéral (cueillette des données élémentaires).
  • Évaluer les principales pratiques d'alimentation des nourrissons, particulièrement l'allaitement de ceux de moins de six mois (collecte de données primaires).
  • Cerner les habitudes culturelles de la population de réfugiés qui pourraient avoir une incidence sur leurs préférences alimentaires et leur consommation. Par exemple, voir si la population est plutôt végétarienne ou pastorale avec une forte consommation de viande ou de lait (données secondaires, informateurs clés).
  • Relever les caractéristiques de la population de réfugiés qui pourraient avoir une incidence sur l'efficacité des stratégies d'adaptation ou sur les interventions précoces telles que les compétences en élevage ou en agriculture (données secondaires, informateurs clés).
  • Déceler les points faibles précis, par exemple le fait que les femmes mangent moins (données secondaires, informateurs clés), tenir compte des personnes âgées, etc.
  • Évaluer les capacités nationales et locales afin de diriger ou d'appuyer les interventions.

Une analyse situationnelle permettra de savoir si la situation nutritionnelle se dégrade ou si elle est stable, si des groupes dans la communauté ont des besoins précis et si les membres de la communauté possèdent des compétences particulières ou des ressources qui pourront minimiser cette dégradation. Les analyses situationnelles doivent examiner la situation nutritionnelle avant la crise, mais aussi les habitudes alimentaires et les pratiques en matière de moyens de subsistance.

Lorsqu'il existe un problème de nutrition, il est tout à fait usuel d'analyser la prévalence de la malnutrition aiguë chez les nourrissons et les enfants de six à 59 mois. La malnutrition aiguë reflète les changements plus récents dans l'apport alimentaire et fournit des informations sur la situation nutritionnelle de toute la population. La malnutrition aiguë chez les enfants âgés de six à 59 mois est définie selon l'indice poids rapporté à la taille (P/T), le PB et les signes d'œdème bilatéral.

Il est important de repérer les nourrissons de moins de six mois qui ne sont pas allaités. Si un nourrisson n'est pas allaité ou s'il a de la difficulté à boire le lait maternel, la mère or la personne qui s'en occupe doit être immédiatement envoyée à un centre de santé pour une évaluation poussée et pour recevoir du soutien.

Méthodologie
Des données secondaires pertinentes sont souvent accessibles et peuvent être complétées grâce à des entrevues avec des informateurs clés. Les sources clés pour obtenir ces données secondaires sont entre autres celles-ci :
  • les bureaux de statistiques dans le pays d'origine ou le pays d'asile ;
  • les bases de données et les rapports ;
  • les autres organismes de l'ONU, notamment l'UNICEF et le PAM ;
  • les ONG qui travaillent dans la zone d'origine ou la zone d'asile ;
  • les informateurs clés qui travaillent dans les zones accueillant des réfugiés ;
  • les informateurs clés qui font partie des réfugiés dans une optique tenant compte de l'âge, du sexe et la diversité.

Les renseignements recueillis au cours de l'évaluation doivent être recueillis auprès de sources aussi variées que possible quant aux critères d'âge, de sexe et de diversité.
La cueillette des données primaires doit être effectuée à des endroits où la situation nutritionnelle est inquiétante. La malnutrition aiguë et les pratiques d'alimentation chez les nourrissons peuvent être évaluées par les agents de la nutrition et des agents de santé dans les centres d'accueil ou dans tout autre point de contact avec la population.
Au moment d'une évaluation rapide de la nutrition, les indicateurs de choix pour mesurer la malnutrition aiguë sont le PB et la présence d'œdèmes. L'indicateur PB se fait rapidement et est un bon indicateur des risques de décès chez les enfants âgés de 6 à 59 mois. Le dépistage est basé sur une seule mesure, ne nécessite aucun équipement lourd, le même seuil est utilisé pour les filles et les garçons et peut être effectué par du personnel peu qualifié tant qu'ils bénéficient d'une formation et d'une supervision.

Directives pour les dépistages à l'aide du PB et de l'œdème :
  • Tous les nourrissons et les enfants âgés entre 6 et 59 mois doivent subir un dépistage à l'aide du PB et pour la détection d'œdèmes au centre d'accueil au cours de l'enregistrement ou à d'autres premiers points de contact.
  • Afin de mesurer le périmètre brachial, il faut mesurer la circonférence du milieu du bras gauche, donc entre le coude et l'épaule, au millimètre près et à l'aide d'un ruban à mesurer le PB standard.

Mesure du PB
Etat de malnutrition
<125 mm (jaune et rouge)
Modérée et aiguë
≥115 mm et <125 mm (jaune)
Modérée
<115 mm (rouge)
Aiguë

  • Pour évaluer l'œdème bilatéral, il suffit d'appliquer une légère pression avec les pouces sur les deux pieds de l'enfant pendant trois secondes. Si un creux y reste marqué après ce temps, cette empreinte est signe d'œdème bilatéral.
  • Un enfant atteint d'œdème bilatéral est toujours qualifié comme étant un enfant atteint de malnutrition aiguë sévère.

Directives pour le dépistage des enfants :
  • Toute famille de réfugiés qui comprend un enfant âgé de moins de six mois doit être dépistée dans un centre d'accueil au cours de l'enregistrement ou à tout autre point de contact.
  • Basé sur un court questionnaire sur l'alimentation des nourrissons, le dépistage doit déterminer si un enfant est allaité, s'il est accompagné de sa mère, et (s'il y a lieu) quels sont les aliments que l'enfant ingère s'il n'est pas allaité.
  • Tout enfant de moins de six mois qui n'est pas allaité ou qui connaît des difficultés liées à l'allaitement doit être référé à un centre de santé.

Les enfants de moins de six mois ont plus de risque d'être atteints de malnutrition si l'allaitement a été brusquement interrompu (par exemple, parce que l'enfant a été séparé de sa mère, ou parce que la mère est décédée ou encore parce que l'enfant n'est allaité qu'en partie. Parmi les enfants de moins de six moins, la malnutrition aiguë est évaluée à l'aide des signes visibles du retard de croissance et de l'œdème bilatéral. Les critères sociaux (mère absente, allaitement inadéquat) sont de bons indicateurs d'un risque nutritionnel accru.

Présentation des résultats
Les conclusions d'une évaluation initiale rapide doivent être rendues à l'aide du modèle de rapport de dépistage. Faire en sorte de bien présenter les résultats du PB. Clarifier la nature des échantillons, car elle montre dans quelle mesure elle sera représentative (Tous les enfants ont-ils été mesurés, par exemple, ou seuls ceux qui sont probablement mal nourris ?). Vérifier que les résultats n'ont pas été confondus avec la prévalence de la malnutrition aiguë globale ou MAG, qui ne peut se mesurer qu'en fonction du rapport poids/taille et de l'œdème. Le périmètre brachial ne fournit pas un seul officiel pour l'évaluation de la situation nutritionnelle de toute la population. Cependant, des évaluations rapides de la nutrition peuvent indiquer où il faut intervenir immédiatement.

Considérations pour une mise en œuvre pratique

  • Les résultats d'une évaluation initiale rapide doit server de guide au niveau et au type de soutien nutritionnel (quant à la malnutrition aiguë, l'alimentation infantile, etc.) qui sont fournis dans les centres de transits ou bien aux endroits où les régions s'installent.
  • Les résultats du périmètre brachial indiqueront plus souvent des bas niveaux de sous-nutrition comparés au rapport poids/taille.
  • L'évaluation initiale rapide de la nutrition est une évaluation préliminaire. Elle doit être suivie par une enquête plus approfondie aussi tôt que la situation le permet, c'est-à-dire pas plus tard que trois ou six mois après le début d'une crise. Cette seconde évaluation permettra faire un état de la situation nutritionnelle de l'ensemble de la population et devrait toujours respecter les directives des enquêtes nutritionnelles standardisées et étendues (SENS) du HCR.
  • Les évaluations rapides de la nutrition doivent être continues : il faut procéder au dépistage de la malnutrition aiguë chez tous les enfants qui viennent d'arriver ainsi qu'à un soutien à l'allaitement. Les activités liées au dépistage
  • Dans les cas de sous-nutrition inquiétants, le dépistage de la malnutrition au moment de l'arrivée des réfugiés doivent être combinés à des dépistages de masse du périmètre brachial dans les camps de réfugiés ou auprès des communautés, afin de surveiller la situation nutritionnelle.

Ressources et partenariats

Plusieurs agences et partenaires doivent participer aux évaluations initiales et être multisectorielles. Il est important que le HCR joue le rôle de chef de file dans les situations d'urgences concernant les réfugiés.

Personnel
  • Un agent expérimenté de la santé publique du HCR.
  • Un nutritionniste expérimenté du HCR ou d'une organisation partenaire.
  • Les travailleurs communautaires afin qu'ils travaillent dans les camps et auprès de la communauté ; des assistants en nutrition et en santé afin qu'ils travaillent dans les centres de réception et les points de contact.

Partenaires
  • Les partenaires techniques clés sont : le ministère de la Santé, les ONG internationales ou nationales (de mise en œuvre, opérationnelles, potentielles, et celles qui sont déjà sur place), les organismes de l'ONU, l'OMS, le FNUAP (santé génésique) et le PAM (liens vers la nutrition et la sécurité alimentaire).

Matériel
  • Les rubans à mesurer standards pour le PB
  • Le questionnaire pour le dépistage des nourrissons.

Contacts principaux

Entrer en contact avec la Section de la Santé publique de la Division de l'appui et de la gestion des programmes (DPSM) : [email protected]

Dans cette section:

Faites-nous part de vos commentaires

Aidez-nous à améliorer l’expérience utilisateur de notre nouveau site en nous faisant part de votre opinion…

Faites-nous part de vos commentaires

Aidez-nous à améliorer l’expérience utilisateur de notre nouveau site en nous faisant part de votre opinion…

Aidez-nous à maintenir le manuel à jour
Suggérer une amélioration à cette page

Bienvenue sur le nouveau site Web du Manuel du HCR pour les situations d’urgence. Les membres du personnel du HCR peuvent se connecter à l’aide de leurs identifiants. À partir du 1er avril 2023, les autres utilisateurs pourront s’enregistrer à nouveau ici.